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Lié à la naissance de la modernité esthétique et aux romantismes, le quotidien est au centre des pratiques artistiques qui viennent questionner les frontières entre l'art et la vie et entre l'art et le non-art dans les années 1960 à 1980. Inventer des « principes d'économie poétique », mettre en récit des échanges de seaux de terre, faire une liste de souvenirs non personnels ou établir la topographie des objets se trouvant sur sa table sont autant de pratiques d'écriture inventives qui ont conduit les artistes-écrivains Robert Filliou, Daniel Spoerri, Allan Kaprow et Georges Perec à rompre avec l'idée d'un art autonome et d'une contemplation esthétique pure. Or, la tendance à réduire le quotidien au banal a longtemps conduit à occulter sa puissance critique. Ce livre propose une généalogie de la notion de quotidien et un parcours des écrits théoriques des penseurs qui ont contribué à le réévaluer (et notamment Henri Lefebvre et Michel de Certeau), en articulant la critique de la vie quotidienne à la question de la créativité. Il explore également les enjeux esthétiques des écritures du quotidien et de pratiques souvent collectives qui ne s'exposent pas au musée. Celles-ci peuvent être de l'art comme n'en être pas, et se confondent avec la vie quotidienne pour mieux l'interroger. À l'heure d'une intensification de la réflexion sur les pouvoirs de l'art et sur les possibilités d'action politique, ce livre examine des oppositions souvent trop évidentes entre art et quotidien ou entre artiste et spectateur, et nous offre des outils pour comprendre en quoi une expérience esthétique de production ou de réception peut contribuer de façon originale à une critique du capitalisme et des formes de réification et d'aliénation de l'économie marchande.

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